P.A.F.

No interior da França, até a metade do século XX, um fotógrafo era chamado pelas famílias, para registrar a última imagem do falecido. A foto era enviada como um cartão postal para informar o óbito aos parentes.

Desde o meu primeiro contato com o Brasil, fui confrontada com relatos intimos e noticias das mortes violentas por arma de fogo. Em junho de 2007, morando no Centro do Rio, passando diaramente em frente ao Intituto Médico-Legal, decido abordar as famílias que esperam na calçada a liberação dos corpos de parentes.

Meu trabalho começava naquela calçada em busca de informações e autorizações das famílias para fotografar e registrar os velórios de P.A.F. (Perfuraçao por Arma de Fogo), em termos legistas. Utilizei o esquecido costume fotografico para resgatar as histórias de vida e de morte das pessoas que se tornaram números na frieza das estatísticas sobre a violência no Rio de Janeiro.

Terça feira 14 de Abril de 2009

Mais uma vítima da (in)segurança pública na Maré

Felipe Correia, de 17 anos, foi executado pela polícia na rua onde morava na Baixa do Sapateiro

Por Gizele Martins e Renata Souza

Policiais fardados de preto são acusados por moradores do Complexo da Maré da execução, com um tiro na cabeça, na manhã desta terça-feira (14/4), do jovem Felipe Correia de Lima, de 17 anos, na favela Baixa do Sapateiro. De acordo com sua mãe, Gilmara Francisco dos Santos, Felipe foi vítima de um tiro de fuzil quando chegava a sua casa com um tio, depois de ter trabalhado a madrugada inteira na venda de lanches. Segundo Gilmara, Felipe foi jogado dentro de uma picape Blazer e levado para o Hospital Geral de Bonsucesso (HGB), onde morreu antes do atendimento. “Isso é uma injustiça. Na hora, não deixaram os moradores socorrer o menino e eles não deixaram. Colocaram dentro do carro e foram embora. Quando ele chegou ao HGB, ainda estava vivo, mas a polícia não deixou os médicos atendê-lo, ele ficou lá gemendo”, afirma Gilmara.

“Eu estava na rua, indo para o trabalho, não teve tiroteio como estão afirmando, isso não é verdade. Isso é uma injustiça, eu sou contra essa política de segurança, o que existe é extermínio, a polícia vem e mata, é isso o que acontece. Isso é a banda podre da polícia, são todos corruptos. E nós moradores, queremos deixar bem claro que Felipe era trabalhador, vendia cachorro-quente, era estudante, todos gostavam dele, a prova disso é que todos os moradores foram em cima, todo mundo foi para a rua”, afirmou Natália de Brito, vizinha do jovem.

De acordo com a família, os policiais impediram a mãe de acompanhar o estudante, matriculado na Escola Pública Pedro Lessa, até o hospital. Os PMs teriam ainda obrigado a família a limpar o sangue da calçada. A denúncia foi acolhida pela Comissão de Defesa de Direitos Humanos e Cidadania (CDDHC) da Alerj. Em contato com o tenente Souza, do 22° BPM (Maré), a Comissão obteve nesta tarde a confirmação de que ocorreu “uma operação na favela e um elemento foi morto”.

A CDDHC solicitou hoje à tarde, por meio de ofício, informações sobre a operação ao Secretário estadual de Segurança Pública, Mariano Beltrame, e ao comandante do 22º BPM. O presidente da Comissão, deputado estadual Marcelo Freixo (PSOL), quer o esclarecimento imediato dos motivos da operação, quais os procedimentos e os resultados obtidos. “Vivemos uma política de extermínio de jovens pobres, moradores de favelas. É preciso apurar muito bem as circunstâncias em que morreu Felipe, e a Comissão tem esse papel”, afirmou Freixo.

P. A. F. (Perforation par Armes à Feu) Juin, juillet, aout 2007 - Rio de Janeiro -

Julita Lemgruber, sociologue et directrice du Centro de Estudos de Segurança e Cidadania da Universidade Candido Mendes, écrit dans Violência, omissão e insegurança pública: o pão nosso de cada dia :

« Le Brésil n’est pas en guerre, mais notre taux de morts violentes, est supérieure aux pays qui vivent des conflits armés. Et les jeunes sont les victimes préférenciels. Dans la municipalité de Rio de Janeiro par exemple, 3937 adolescents sont morts par balle entre décembre 1987 et novembre 2001. Dans cette même période, dans les combats entre Israël et Palestine, 467 adolescents sont morts du résultat de l’action d’armes à feu. »

En 2005, le Brésil a enregistré 55 312 homicides, dont 6 438 dans l’État de Rio. La mort violente est la principale cause de décès des hommes âgés de 15 à 44 ans.

Le constat très inquiétant, que je fais par rapport à mon expérience, est que la majeure partie de ces victimes mortes par balle, sont jeunes, pauvres et souvent noirs ou métisses, habitants de favela, impliqués ou pas dans le trafic de drogue.

Ce sont majoritairement des hommes, et ce sont souvent les veuves, les compagnes ou les soeurs que j’abordais à l’Institut Médico-Légal.

C’est auprès d’elles, que je tente de répondre à mon interrogation sur les conditions de la mort.

C’est sûrement la question la plus délicate, que seuls des chiffres ne suffisent pas à expliquer… ma rencontre avec les familles et leurs témoignages sont alors indispensables.

Les proches et les familles handicapées par la peur et le manque d’information, n’ont pas recours à la justice: Ils craignent d’autres représailles d’une justice parallèle : celle des trafiquants ou de la Milice.

Voix étouffées par le manque de preuves ,absence d’investigations de la Police Civile rendues impossibles sur les lieux du crime, saccagés par la Police Militaire. La seule loi respectée est celle du silence.

Même les médias auraient trop à faire, en s’intéressant à tous les cas quotidiens de morts par balle. Ils relatent souvent les témoignages de la police, mais ne s’aventurent que très rarement dans des polémiques, le terrain est trop dangereux.

Quand il s’agit de morts tués par balle perdue, la victime est souvent quasi sanctifiée. Elle fait les grands titres et devient un jeune héros martyr d’une société révoltée, mais elle est vite remplacée par les suivants.

Toutes les morts causées par la Police Militaire, les Milices, le trafic de drogue et les divers règlements de comptes, sont des victimes d’un système complexe et opaque, oscillant entre légalité et illégalité. La corruption rôde aussi autour de la mort, la loi de l’argent qui résout presque tout, sauf la perte de la vie… Présente jusqu’à l’enterrement, cette corruption implique les services de la Police civile, les médecins légistes comme les employés de la Santa Casa (service funéraire gratuit), les agences funéraires, et parfois les proches…

Au-delà d’un système corrompu, ces morts sont victimes d’armes, de P.A.F. (Perforations par Armes à Feu), victimes d’un trafic qui rend possible et puissant celui de la drogue, et des armes.

Aude Chevalier-Beaumel

P.A.F :Perforation par Armes à Feu

Le nouveau gouvernement de l’Etat de Rio de Janeiro, mis en place en janvier 2007 par Sergio Cabral, a adopté une politique d’affrontement pour combattre le trafic de drogue. Cette politique consiste à s’attaquer directement aux trafiquants de drogue agissant dans les favelas.

La force de destruction des armes utilisées des deux cotés, rend le combat extrêmement dangereux et mortel pour la majeure partie des habitants des localités où les affrontements se déroulent.

Une des « armes » fréquemment utilisée par la police, et qui cause différentes controverses dans la société carioca, est le véhicule blindé appelé « caveirao », en français « grand crâne » en référence à l'emblème du Batalhão de Operações Policiais Especiais, (BOPE), qui s'étale ostensiblement sur les flancs du véhicule.

Il est considéré comme, un véhicule de guerre pour ceux qui le subissent, et de défense, pour ceux qui considèrent son usage indispensable.

Ce même véhicule, est à la fois utilisé pour les invasions policières et le combat contre les trafiquants. Il sert également à les capturer. Cependant, si dans ces endroits, où vivent des milliers de citoyens, la présence de l’État était constante, cela éviterait la formation et l‘action des cartels de drogues, et il n’y aurait plus la nécessité d’intrusions violentes dans ces localités. Les invasions lourdes de la police deviendraient inutiles.

La vente de drogue, dans les favelas, est la principale, voire l’unique source de revenu des trafiquants qui les dominent.

Il existe actuellement à Rio 3 factions qui contrôlent le trafic de drogue de la ville et qui s’affrontent, souvent dans l’objectif de prendre le contrôle des points de vente des leurs rivaux.

La difficulté d’accès géographique aux favelas, ajoutée au puissant pouvoir des armes à feu des cartels, rend ces derniers quasiment inexpulsables des locaux qu’ils occupent et dominent. La corruption policière et la circulation d’informations et d’armes sont également des sources de conflits.

Le 2 mai 2007, en représailles à la mort de deux policiers assassinés par des trafiquants de la favela Vila Cruzeiro, la Police Militaire fait pression sur le trafic de drogue de cette favela située dans le Complexe de l’Allemand, zone nord de la ville de Rio de Janeiro.

Cette opération demeure la plus grande opération policière jamais réalisée dans l’Etat, avec la participation de 1350 hommes de la Police Civile, Fédérale et Militaire ainsi que de la Force Nationale de Sécurité, (créée en 2006 et composée des meilleurs policiers militaires de tous les états du Brésil). Le 26 juin 2007, ces derniers prennent d’assaut la favela Vila Cruzeiro et l’occupent, le bilan de bilan est de plus de 25 morts et 65 blessés.

Deux semaines avant l’ouverture des jeux Panaméricains qui ont lieu à Rio, la sécurité est renforcée, mais le climat général des services publics est en grève. Policiers miliaires et civils manifestent et dénoncent leurs conditions de travail et leurs bas salaires, … La Police Civile de l’Institut Médico-Légal, elle aussi, entre en grève, dénonçant entre autres le manque d’hygiène au sein du bâtiment.

La somme colossale dépensée pour la construction des équipements, structures et logement des sportifs et des spectateurs, est fortement critiquée… Les fonctionnaires tentent de faire pression, juste avant l’ouverture des jeux.

C’est dans ce contexte et ce quotidien de violence dans certaines zones de la ville, que je commence ma serie sur les morts tués par balle.

Ma première préoccupation est de savoir qui sont ces morts?

Aude Chevalier-Beaumel et Alvaro Gomes de Mattos

juin 2007, Rio de Janeiro